Jacques BERNARDIN est intervenu dans le colloque : "L'école est-elle capable de faire réussir tous les élèves" organisé par le SNUipp-FSU Guyane à l'hôtel Royal Amazonia de Cayenne et au Lycée Raymond TARCY de St Laurent, début mars (2018).
"M. Bernardin est un spécialiste de l'entrée dans l'écrit à l'école. Il distingue deux catégories essentielles d'apprenants : les actifs-chercheurs et les passifs-récepteurs. L'analyse de leurs comportements s'appuie notamment sur la psychologie de Vygotski, Bruner, Piaget, Leontiev et Wallon.
Le SNUipp-FSU se distingue d'autres syndicats car il s'interroge sur le coeur de notre métier : la pédagogie. Pour cela, nous avons besoin de confronter la recherche et la profession afin d'agir sur nos gestes professionnels et remettre du sens dans notre métier. [...]" lire la suite
A l'invitation de Sud Éducation Guyane
Jean-Louis CORDONNIER et Pascal DIARD sont intervenus dans deux stages sur le thème : "Pédagogies émancipatrices" les 19-21 mars, à Saint-Laurent-du-Maroni et les14-16 mars, à Cayenne.
JT d'ATV Guyane, 14 mars 2018
Ils nous donnent à lire leur journal de bord :
Cayenne, le 13 mars 2018
Voici
le GFEN embarqué pour la 3ème année consécutive en Guyane, invités par
Sud Education. Cette fois-ci, comme il y a 2 ans, Jean-Louis Cordonnier
et moi-même représentons le mouvement. Un week-end de préparation à
Perpignan n'a pas été de trop pour proposer aux camarades de Guyane des
pistes de démarches et d'ateliers : 17 en tout ! Nous étions chauds
avant même de vivre sous un climat équatorial !
Mais cette année
n'est décidément pas comme les autres ! Des changements significatifs se
profilent, quelques effets de rupture aussi. Il faut savoir en effet
que, tout juste après notre venue l'an passé (avec Christine Passerieux
et Guillaume Hallier), la Guyane a connu 15 jours de lutte et
d'effervescence. Allait-on pouvoir en mesurer les conséquences ou bien
cela était-il retombé dans l'oubli du quotidien ? Dans nos premières
conversations avec Hortensia, il semble que la grogne reprend face aux
promesses non tenues, même si l'expérience historique des luttes
sociales nous montre que, dans ce type de processus, il n'y a rien
d'automatique à ce que le mouvement reparte.
L'un des premiers
changements a été, à l'initiative des syndicalistes, de dédoubler le
stage : 3 jours à Cayenne du 14 au 16 mars, et 3 jours à Saint-Laurent
du Maroni du 19 au 21 mars. A ce jour les inscriptions se montent à 47
pour Cayenne et 56 pour Saint-Laurent, tout degré d'enseignement
confondu. Encore un effort et elles pourront atteindre les 130 de
l'année dernière.
En outre nous avons été précédés par Jacques
Bernardin qui, invité par le SNUipp, a fait une conférence remarquée y
compris dans la presse locale.
Ce séjour commence alors sous les
meilleurs auspices puisque notre première réunion d'organisation
définitive du stage et d'élaboration des contenus comprend 12 personnes,
en lieu et place des 5 de l'an passé ! C'est dire les attentes et
l'impatience des camarades de Guyane !! C'est dire aussi à quel point la
dynamique de ces formations syndicales autour de la pédagogie est
chargée de sens, surtout quand il s'agit de viser l'émancipation sous
toutes ces formes !!
Et la première rupture advint !! Etienne,
Eva, Hortensia, Anne-Claire s'engagent à animer des ateliers, avec ou
sans notre participation. Nous sommes devenus enfin des personnes à
ressources multiples, et non plus seulement des formateurs ; nous sommes
dans un début d'autogestion, et non plus seulement dans un processus de
transformation venue d'en haut ; nous sommes fidèles à notre recherche
(travailler le paradoxe de l'enseignant-e qui consiste à tout faire pour
disparaître) et à notre questionnement (« L'aide ? Comment faire pour
qu'ils et elles s'en passent ? »). Mais cela va encore plus loin
puisqu'Etienne propose de mener un atelier radio tout au long du stage ;
et ça, Jean-Louis et moi, ne l'avions pas prévu. Nous sommes même à
deux doigts d'y participer ! Je crois bien que nous allons nous laisser
tenter ! Hier encore Jean-Louis a travaillé avec Hortensia et Eva pour
co-animer une démarche sur les langues créoles et le Petit Chaperon
rouge. Demain je travaille avec Anne-Claire pour construire un atelier
d'échanges de pratiques autour du nourrissage culturel inspiré des
travaux de Serge Boimare. Ça bosse, ça coopère, ça s'auto-socio
construit !!
Voici donc le programme pour le stage de Cayenne qui s'intitule « Pédagogies émancipatrices » :
Mercredi
9h-12h : Plénière (à quoi sert l'école ? réalisation d'une affiche par
petits groupes) + débat mouvant (être prof c'est maîtriser parfaitement
ce qu'on enseigne ; le prof est un modèle pour les élèves ; l'école
émancipe les élèves ; les enfants ont besoin de l'école ; l'école est
chargée de l'instruction, pas de l'éducation) et de 11h30 à 12h Etienne
met en place son atelier radio.
Jeudi : 9h-12h (théâtre de l'opprimé ; le petit Chaperon Rouge) et 14h-17h (Quadrilatères, Darwin) (atelier radio).
Vendredi :
9h-12h (Jeanne Benameur et lire en polonais ; objection de conscience à
la notation) ; 14h-15h30 (échanges de pratiques : nourrissage culturel
selon Boimare) + plénière d'une heure trente de 15h30 à 17h.
Mais
il y a eu une deuxième rupture ! J'ai animé hier lundi une journée du
PAF de Guyane pour le GFEN (« Gestion de classe et pédagogies
spécifiques »), à la demande d'une IPR de Lettres-Histoire qui avait
participé au 1er stage il y a deux ans ! Comme quoi les voies de la
formation sont imprévisibles parfois ! Me voilà en présence de huit
enseignant-es très motivé-es, de lycée pro mais aussi de collège, de
lettres et d'histoire-géo mais aussi d'anglais. Un petit programme
mijoté aux petits oignons : texte recréé avec écriture individuelle au
final (suite au questionnement de Nadia après la réussite collective !
Sans compter la découverte par Fabiane de ses moments de décrochage
parce que dès le départ elle avait trouvé « Le sultan » de Prévert
violent, trop violent pour oser s'engager dans la recréation !), lecture
silencieuse avec questions préalables sur Madagascar (Paul y avait
enseigné 12 ans, et Nadia se posait la question des questions, donc
...), lecture à dévoilement progressif (car Elodie, le midi à table,
s'interrogeait sur comment faire entrer en lecture des élèves qui
n'aimait pas ça, n'y trouvait aucun sens, ou ne savait pas lire tout
simplement !), et, à l'arrache, le Code Noir en texte à trous, avec une
recherche vite faite mais bien faite autour du 1er trou (Anaïs venait
d'exprimer sa frustration à ne pas en avoir eu plus ! Philippe, sudiste
convaincu, en profite pour informer du stage prochain).
Autrement
dit une dynamique de « ouf » à 8 ! Cerise sur le gâteau, discussion à
bâtons rompus avec Laurent, à la sortie du stage, autour de ce qu'il
anime avec ses élèves : je comprends alors que cet ancien directeur de
prison devenu prof d'histoire en collège pratique le nourrissage
culturel cher à Serge Boimare, sur le temps ritualisé du midi, avec
sujet choisi par les élèves et « débat de preuves » (c'est moi qui le
dit !). La passion d'enseigner se lit dans son regard ; je me souviens
alors avec quelle force il prenait des notes pendant la journée, à quel
point il me reprenait quand je me trompais dans une date ou le nom d'un
roi, avec quelle écoute il participait aux discussions dans son groupe.
J'avoue être reparti en grande forme, malgré les traces du décalage
horaire !
La 2ème Université de Printemps du SNuipp-FSU 31 se tiendra les 29 et 30 mars 2018, avec les interventions Philippe Meirieu, Choukri Ben...En savoir plus