Gaston Mialaret nous a quittés
Valérie Pinton | le 01/02/2016 00:00
Gaston Mialaret est décédé le 30 janvier. Fondateur des sciences de l'éducation et président du GFEN de 1962...En savoir plus
Mouvement de recherche et de formation en éducation
Tous capables ! Tous chercheurs ! Tous créateurs !
Issu de la Ligue Internationale de l'Education nouvelle, le G.F.E.N. a été créé en 1922 à l'initiative de savants et d'éducateurs qui, au sortir de la première guerre mondiale, ont ressenti l'urgence de lutter contre l'acceptation fataliste par les hommes, de la guerre comme solution.
L'un de ses principes fondateurs était : "L'éducation
nouvelle prépare, chez l'enfant non seulement le futur citoyen capable de
remplir ses devoirs envers ses proches et l'humanité dans son ensemble, mais
aussi l'être humain conscient de sa dignité d'homme".
De nombreux éducateurs, au sein du G.F.E.N., ont nourri leur recherche de la
pensée de précurseurs universels tels que Rousseau, Pestalozzi, Jacotot,
Montessori, Decroly, Makarenko, Korczak, Bakulé, Freinet, Piaget, Freire.
Paul Langevin, Henri Wallon, Gaston Mialaret,
Robert Gloton,
Henri Bassis,
qui ont été présidents
ou vice-présidents du GFEN, ont également contribué à forger l'identité
actuelle de ce Mouvement de Recherche et de Formation en Education.
C'est dans la recherche obstinée de cohérence entre valeurs, comportements et
pratiques, que le G.F.E.N. n'a cessé d'œuvrer, sur les champs de l'enfance, de
l'école, de la formation, comme dans tous les lieux où se construisent des
savoirs, pour créer les conditions concrètes de la réussite de tous.
Un terrain de référence comme le "Groupe expérimental du
XXème arrondissement de Paris" (de 1962 à 1971 dans les écoles des
rues Vitruve, Le Vau et Bretonneau) a permis de creuser une brèche dans
l'acceptation fataliste de l'échec scolaire ségrégatif et des " handicaps
socioculturels ". Et c'est en Afrique, au Tchad, de 1971 à 1975, dans une
vaste entreprise de formation-transformation (pour laquelle une évaluation à
long terme, en 1996, a
contribué à montrer les fruits), que Odette et Henri Bassis ont développé des
pratiques nouvelles auprès des enfants, et une transformation des pratiques de
formation des enseignants, apportant une rupture décisive dans la transmission
des savoirs : non plus recevoir docilement, mais mettre en œuvre son
intelligence et ses potentialités d'imagination créatrice pour "
construire " son savoir, en faire un levier de transformation dans son
rapport à soi, aux autres et au monde.
C'est la notion de "démarche d'auto-socio-construction
du savoir" qui n'a cessé de s'enrichir, de s'affiner, apportant ainsi
une réponse pratique positive à l'échec scolaire et à l'idéologie des dons.
Depuis, le G.F.E.N. développe des stratégies et des pratiques de formation
d'adultes tout en continuant à démultiplier des expériences de terrain dans
l'Institution (Education Nationale, Education surveillée, Culture,
Agriculture,...) où il conduit des stages et Universités d'Eté. Une large
ouverture est en même temps réalisée sur les secteurs éducatifs hors
l'école : parents, travailleurs sociaux, stages d'insertion ou
réinsertion, M.J.C., syndicats, associations... tous les lieux où sont mis en
œuvre de nombreuses démarches de tous niveaux et de toutes disciplines, dont de
nombreux ateliers d'écriture dans lesquels la langue écrite est vécue comme
forme spécifique de la pensée.
A l'étranger, les stages et problématiques du G.F.E.N. rencontrent un écho
important, aboutissant à des Universités d'Eté Internationales et à des projets
qui, pour certains, s'institutionnalisent : ainsi en Russie six ans
d'échanges débouchant sur un Projet Européen Tacis (sur : " le
développement de la démocratie dans les pratiques d'apprentissages ") et
sur la création de Groupes d'éducation nouvelle (Belgique, Suisse, Italie,
Russie...)
Face aux nécessités actuelles d'agir contre toutes les exclusions et l'esprit
de fatalité, le G.F.E.N. cherche à mettre en partage, sur tous les champs
aujourd'hui ouverts à la formation, les pratiques et stratégies qu'il a
construites et mises à l'épreuve sur de multiples terrains, en particulier les
plus " difficiles " : stages du P.A.F. (sur l'aide, savoirs et
citoyenneté), R.E.P., insertion sociale et professionnelle (16-18, R.M.I.,...),
animateurs de quartiers, accompagnement scolaire, bibliothèques, travailleurs
sociaux, etc.
Actuellement, il s'implique résolument dans des actions de formation qui
débordent du seul champ de l'école, les problématiques travaillées tant sur le
terrain de l'échec scolaire que celui des échanges avec l'étranger,
s'inscrivent dans la recherche de solutions nouvelles où chacun, se construisant
comme personne solidaire puisse, dans une approche multiculturelle, devenir
acteur de transformations possibles.
Les situations et les conditions nécessaires pour que les contenus de savoir et
de formation ne soient plus simplement transmis comme produits finis -
pseudo-évidences qu'il faut accepter - mais construits par le sujet lui-même,
prennent corps dans la notion et la pratique de " démarche
d'auto-socio-construction " : c'est dans un processus intégrant
raison et imaginaire et s'inscrivant dans l'espace plus large du " projet
" que chacun est amené à chercher, se questionner, élaborer, créer,
structurer, en confrontation avec les autres, mettant en acte toutes les
potentialités cognitives et créatrices dont il est authentiquement porteur,
devenant ainsi, se transformant lui-même, auteur de sa propre formation.