extraits Dialogue n° 158

Dialogue n° 158 -  L'écriture, éducation prioritaire

Actes des 8èmes rencontres nationales sur l'accompagnement, Saint-Denis, 11 avril 2015

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Ouverture

  • Ouverture par Jacques BERNARDIN   Lire

  • Ouverture par David PROULT, Maire-Adjoint délégué à l'enseignement Ville de Saint-Denis

    C'est  pour  moi  un  plaisir  renouvelé  qu'au nom du Maire, Didier PAILLARD, et de la Municipalité, je vous accueille à Saint-Denis pour la huitième édition de ce colloque.
    Banlieue populaire, le revenu moyen est ici la moitié de celui d'île de France. Ville jeune - 47 % de la population a moins de 30 ans - Saint-Denis a besoin d'une école qui assure l'égalité. Saint-Denis est aussi une ville qui se transforme, dont la population se diversiunicode2utf8(0xFB01e). Nous y portons le projet d'une ville pour tous, d'une ville où, loin de la ségrégation urbaine, des gens différents de par leur origine, de par leur revenu, peuvent vivre ensemble. L'école est au cœur de ce projet en garantissant qu'ici comme ailleurs l'égalité d'accès aux savoirs soit assurée.

 

Écriture : rapide état des lieux

  • Ecriture : rapide état des lieux
    Jacques BERNARDIN

    Du constat des difficultés...
    Lors de l'ouverture d'un récent stage sur l'écriture, inscrit au Plan Académique de Formation de l'académie de Créteil (24 mars 2015), voilà ce que des collègues de collège, lycée général et lycée professionnel ont inventorié comme difficultés constatées chez leurs élèves, à partir de leurs diverses disciplines et champs d'intervention (professeurs de lettres, histoire-géographie, anglais, italien, SVT, biotechnologies-santé-environnement, Sciences économiques et Sociales ; documentaliste) :
    - comprendre la consigne d'écriture ;
    - dépasser l'appréhension, la peur d'écrire ;
    - faire des phrases construites, correctes ;
    - on se retrouve toujours avec un bloc, sans segmentation. Ils ne se relisent pas. Le problème : faire réécrire (pour eux, c'est terminé...) ;
    - comprendre les codes, les attendus (différents selon les matières) ; cour de récréation.
    - sortir de la parole de l'autre, de la copie de documents, développer un point de vue personnel...

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Refonder l'enseignement de l'écriture

  • Un autre regard sur l'écriture, les écrits des élèves, leurs possibilités de développement : d'autres gestes professionnels à inventer
    Dominique BUCHETON, professeure honoraire Université de Montpellier, vice-présidente de l'AFEF

    Le constat : l'écriture est un facteur clé de la discrimination scolaire et sociale.
    Ne pas être capable d'élaborer une pensée, un raisonnement à l'écrit pour effectuer une tâche scolaire ou rendre compte de connaissances ou compétences peut passer chez certains élèves presque inaperçu en primaire. Mais, dès leur entrée au collège, les compétences d'écriture plus encore que de faibles compétences en lecture (que l'élève peut encore masquer), deviennent une question clé de leur réussite scolaire. Le problème ne cesse de s'aggraver et peut conduire en troisième, en lycée professionnel ensuite jusqu'au décrochage scolaire complet voire conduire à de nouvelles formes d'analphabétisme (ces élèves vers 12 ou 13 ans ont fini tant bien que mal par savoir à peu près lire mais ils ne « peuvent » pas écrire)
  • Écrire dans toutes les disciplines
    Bruno HAUTIN

    Parler d'écriture, n'est-ce pas en premier lieu se poser la question du rôle que joue l'écrit pour l'individu mais également pour la société dans laquelle il vit comme nous le rappelle J. Goody. L'apparition de l'écriture a provoqué dans ces sociétés nouvelles une modification des pensées et un bouleversement de l'organisation sociale. L'écrit, est, dans l'Histoire de l'Humanité, à l'origine de bouleversements sociaux, religieux, politiques, économiques qui ont modifié en profondeur nos sociétés à travers les siècles.
    Oui c'est à l'école et donc à l'enseignant de permettre à nos futurs citoyens de s'emparer, s'approprier cet outil si fondamental dans la construction de l'individu et de la société dans laquelle il vit.

 

  • Démarche poésure et peintrie
    Sylviane MAILLET, Secteur Arts Plastiques/Recherche/Création

    Au début du XXème siècle, Marinetti avec ses Mots en Liberté supprime la syntaxe. Apollinaire dans Calligrammes donne une autre représentation du poème ; l'espace et le dessin des mots  bouleversent la présentation traditionnelle du poème.
    À côté de ces formes nouvelles d'écriture se développe chez les artistes de ce début du XXème siècle une remise en cause des catégories artistiques (peinture, sculpture, dessin). La lettre est prise à part entière non plus pour être habillée, mais comme matériau plastique. De ces recherches plastiques sont nées de nouvelles formes d'expression. La frontière entre poésie expérimentale et arts plastiques est ainsi difficile à établir.


  • Atelier d'écriture « la belle pensée »
    Nicole GRATALOUP, Secteur Philosophie du GFEN

    Devant les difficultés d'écriture des élèves en philosophie, une des voies souvent utilisées est de multiplier les conseils de méthode et les exercices méthodologiques. Sans renier ce type de travail, que nous avons aussi mené dans les travaux antérieurs du secteur philo, nous avons voulu, pour les Rencontres de St Denis 2015, explorer une autre piste, qui n'est pas nouvelle pour nous, mais que nous avions quelque peu délaissée ces derniers temps : nous faisons l'hypothèse que, chez les élèves, mais aussi peut-être chez les professeurs de philosophie, il y a une difficulté à identifier ce qu'est une écriture philosophique, à en cerner les caractéristiques, principalement parce qu'on rabat toujours philosophique sur la dissertation, et qu'on néglige les autres formes dans lesquelles la philosophie, au cours de son histoire, a été écrite.


  • Maupassant et moi 
    Erwann LE JEUNE

    L'un de moments que je préfère, quand je dois problématiser une séquence d'enseignement autour d'un objet littéraire, est celui où je me pose la question de la motivation de l'élève à s'intéresser à un contenu culturel qui lui est totalement étranger. En classe de quatrième ou de seconde, un des objets d'étude est le réalisme (et le naturalisme) dans l'art. Et ce qui en ressort souvent, dans la tête des élèves, c'est le souvenir de ces descriptions interminables et incompréhensibles qui nuisent au plaisir de la lecture, quand elles ne l'empêchent pas complètement.
    Comment amener un adolescent occidental de treize ou quatorze ans, né dans un milieu saturé d'images, saturé de reportages, d'émissions dans lesquelles histoire (ce qui est raconté), récit (ordre dans laquelle cette histoire est racontée) et narration (manière dont cette histoire est racontée) semblent fusionner sous la dénomination « téléréalité », à comprendre et interroger la nécessité qu'ont pu ressentir des artistes à représenter le monde de manière réaliste ?

 

  • Entrer dans la culture écrite à travers l'aventure des écritures 
    Claire BENVENISTE

    Chaque peuple, en adoptant l'écriture, réinvente à sa manière et se la réapproprie selon ses mythes. Qu'en est-il de nos élèves ? Sont-ils de « simples scripteurs » ou bien peuvent-ils s'inscrire dans l'Histoire et l'anthropologie de l'écriture ? En s'inspirant de pratiques du GFEN , cet atelier animé aux Rencontres de Saint-Denis 2015 propose d'aborder le code écrit, parfois réduit à du b-a-ba, en l'inscrivant dans l'aventure humaine de l'écriture

  • Projets d'écriture à l'initiative des collectivités ou quelle est la part de l'écrit dans les projets et actions
    Atelier co-animé par l'ANDEV et le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis. Présentation par Rozenn MERRIEN et Jean-Paul ESPIÉ

    C'est à travers ce questionnement que des responsables associatifs, des enseignants, des universitaires et des pédagogues ont été invités à échanger et partager leurs expériences. Au-delà du constat faisant état de la relation élève-écriture, la démarche s'inscrit comme un partage de pratiques et d'outils facilitant l'acquisition de savoirs. Quels supports et quelles conditions facilitent le rapport des élèves à l'écrit ?
    Cet atelier participe à la réflexion à travers les disciplines et en tenant compte de productions des enfants et des jeunes.


Se construire comme sujet culturel

  • Apprendre à lire en écrivant, se construire comme sujet culturel aux cycles 1 et 2 
    Bernard DEVANNE

    Dans cette brève intervention, je m'en tiens à deux idées pour moi fondamentales — fondatrices — que je présente succinctement dans une première partie ; dans  une seconde, je les illustre par l'étude de la « venue à l'écriture » d'un élève pendant les premiers mois du CE1.

 

  • Écrire depuis la maternelle. Quelles situations d'écriture mettre en place ? Quelle progressivité ? Quels supports ? 
    Bernard DEVANNE

    L'objet de l'atelier est d'expliciter et d'illustrer quelques orientations fondamentales qui font que les élèves seront en mesure de se construire sujets de culture écrite / sujets de langue écrite tout au long de l'école maternelle.

 

  • De l'épée au pinceau. L'écriture, un voyage à la découverte de l'autre, à la découverte de soi 
    Jessika PICARLE

    Tout système d'écriture se fait le reflet d'une culture, d'un système de pensée, toute langue possède en elle des éléments des spécificités d'un peuple, sa façon de penser, sa philosophie...
    Comment amener les élèves à découvrir les spécificités de cette écriture si distante de la nôtre qu'est le chinois ? Comment leur permettre de faire leurs ces règles d'écriture qui peuvent paraître au premier abord à la fois complexes et inutiles ?
    Enfin, comment leur faire dépasser le cadre fonctionnel de la langue pour entrer dans le sens profond de l'acte d'écriture ?
    À travers cet atelier, j'ai souhaité faire comprendre un monde : celui de l'écriture chinoise, sans mysticisme, mais avec poésie et esprit de découverte au moyen d'un voyage à travers deux mondes que tout semble opposer : les arts martiaux et la calligraphie.


  • Atelier d'écriture au CP 
    Stéphanie FOUQUET

    Lors des rencontres d'avril 2015, les participants ont pu lire sur le dépliant présentant les rencontres : Écrire un texte au CP, dès le premier jour, avant même de savoir lire. Et pourquoi l'atelier d'écriture ne permettrait-il pas d'engager les élèves dans l'écrit ? Les pratiques de création sont de réels tremplins pour permettre aux individus de s'approprier l'écrit. Nous le verrons à travers différentes productions d'élèves du CP au CE1.
    Que signifie donc atelier d'écriture ? Quelle serait la spécificité de ces pratiques d'écriture pour que l'on affirme qu'elles permettent d'engager les élèves.

  • Le texte recréé (n') est (pas) une devinette 
    Laurent CARCELES et Pascal DIARD

    Si nous  cherchons,  dans  Le Trésor de Langue Française par exemple, une définition du mot « devinette », l'on y lit : « question  formulée  à  quelqu'un dans le cadre d'un jeu d'esprit, pour qu'il devine la solution qu'elle requiert».
    Apparemment, cette définition correspond tout à fait à la démarche du texte  recréé. Pour mémoire, le texte recréé consiste à lire deux fois, devant  un  groupe, un  texte  trop  long  pour  être mémorisé et à faire le pari avec le groupe qu'ils pourront le dicter à l'animateur mot pour mot. Ceci sans aucune prise de notes, ni support, mais par une suite d'essais, d'échecs, de rectifications, de réussites. Ce sont donc bien ces mots-là et pas d'autres, et ce style-ci que l'on doit retrouver. Et pourtant... Ce n'est qu'après avoir proposé un texte recrée le 11 avril 2015 que j'ai mieux compris à quel point cette démarche n'est qu'en apparence une reproduction du texte écrit par l'auteur.

  • La communauté discursive : un moyen pour aborder l'apprentissage de la langue d'un point de vue culturel 
    Annabelle RODRIGUES

    Dans sa circulaire de la rentrée 2015, le ministère de l'Éducation Nationale précise que « L'acquisition de la maîtrise de la langue française et des langages scientifiques, est l'objectif premier de l'école primaire, dont la pédagogie doit favoriser l'épanouissement de l'élève, sa motivation et sa pleine implication dans les apprentissages ». L'apprentissage de la langue — sans parler de sa maîtrise — est de nouveau au cœur des chantiers prioritaires du ministère. Il doit également permettre « la pleine implication (de l'élève) dans les apprentissages ». Comment permettre un enseignement alliant travail réflexif sur la langue et implication du sujet ? Comment permettre aux élèves de progresser dans l'usage de leur langue entendu comme outil pour réfléchir et se construire un point de vue dans toutes les disciplines ?
    Selon nous, l'installation d'une communauté discursive en classe peut permettre de répondre à cette double exigence. Mais qu'entendons-nous par « communauté discursive » ? Comment la mettre en place ? Quels sont les effets de cette pratique en classe ?

 
Les enjeux aujourd'hui des pratiques d'écriture dans et hors l'école

  • Écriture, éducation prioritaire. L'apport des ateliers d'écriture
    Michel NEUMAYER, GFEN Provence, enseignant, formateur, analyste du travail. Co-fondateur de Filigranes, revue d'écritures.
    Stéphanie FOUQUET, Secteur Poeunicode2utf8(0x0301)sie Eunicode2utf8(0x0301c)riture du GFEN, enseignante, animatrice du collectif O Deunicode2utf8(0x0301b)i.

    « La dynamique des ateliers impulse, essaime, fédère des actions, des projets, des collectifs artistiques. Héritiers de 40 ans de travail, nous sommes témoins de cette aventure d'écriture qui tient, tenaille et entraîne dans l'écrit aunicode2utf8(0x0300) travers publications et interventions poétiques publiques.
    Nous osons affirmer que les ateliers d'écriture du GFEN, par la dynamique de création qu'ils impulsent, transforment le rapport à l'écrit. Mais alors, de  quelles  transformations nous  sentons-nous porteurs ? Quelles pratiques défendons-nous ? »

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