Extraits du n° 138
Dialogue n°138 - Difficulté scolaire. Comment retourner la peau du destin ?
Actes des 3èmes rencontres nationales sur l'accompagnement
(Saint-Denis, 27-28 mars 2010)
Jean BERNARDIN (p. 10)
"Toute action de transmission repose sur des théories implicites concernant le regard que l'on porte sur l'apprenant, nos attentes à son égard et notre conception de l'objet à transmettre (savoir, geste professionnel...).
Ce qui caractérise les élèves en difficultés - de la maternelle au lycée, voire à l'université - comme les adultes avec faible niveau de qualification qui s'engagent dans des formations générales ou qualifiantes, c'est le manque de confiance en leurs capacités et, souvent une image péjorée d'eux-mêmes.
Les personnes qui travaillent dans des lieux où se retrouvent des enfants et adolescents en difficultés : enseignants des Réseaux d'aide ou des dispositifs relais, éducateurs de la PJJ, animateurs de dispositifs d'aide aux devoirs, etc. s'assignent comme premier objectif de reconstruire de l'estime de soi. Car apprendre c'est devenir autre et suppose d'accepter de perdre pour gagner ultérieurement. Serge Boimare décrit très bien le cas de ces élèves qui ont peur de perdre en osant se lancer dans une aventure intellectuelle tant ils sont prisonniers de peurs archaïques... L'objet de cet atelier est d'essayer de comprendre comment se construit, chez les sujets, une image de soi."
Devoirs du soir, travail du soir : attentes et malentendus Ce qui caractérise les élèves en difficultés - de la maternelle au lycée, voire à l'université - comme les adultes avec faible niveau de qualification qui s'engagent dans des formations générales ou qualifiantes, c'est le manque de confiance en leurs capacités et, souvent une image péjorée d'eux-mêmes.
Les personnes qui travaillent dans des lieux où se retrouvent des enfants et adolescents en difficultés : enseignants des Réseaux d'aide ou des dispositifs relais, éducateurs de la PJJ, animateurs de dispositifs d'aide aux devoirs, etc. s'assignent comme premier objectif de reconstruire de l'estime de soi. Car apprendre c'est devenir autre et suppose d'accepter de perdre pour gagner ultérieurement. Serge Boimare décrit très bien le cas de ces élèves qui ont peur de perdre en osant se lancer dans une aventure intellectuelle tant ils sont prisonniers de peurs archaïques... L'objet de cet atelier est d'essayer de comprendre comment se construit, chez les sujets, une image de soi."
Jean-Louis AUDUC (p. 15)
" La réflexion de l'atelier a avant tout porté sur le rapport des familles des milieux populaires aux devoirs scolaires et plus généralement à l'aide à apporter à leurs enfants."
Le dispositif « Auto-école » de Saint-Denis Madame BEN HAZMA-BONDUE (p. 20)
"Créée par Mme Pierrelée, proviseur du lycée Georges Sand à Saint-Denis, l'Auto-école est partie d'une expérience pionnière qui dès 1992, s'illustrait en pédagogie alternative.
Depuis la rentrée 2002, l'Auto-école est devenue sous l'impulsion de l'inspection académique un dispositif Nouvelles Chances destiné à des jeunes de 16 à 18 ans déscolarisés, désireux de se réinvestir dans un parcours de formation personnalisé.
Les dispositifs Nouvelles Chances permettent à des jeunes adolescents volontaires, en difficulté avec le système scolaire traditionnel, d'acquérir les bases scolaires et sociales qui leur permettront une insertion choisie et réussie dans un milieu scolaire et/ou professionnel adapté à leur projet personnel."
[...]
"Comment fonctionne le dispositif Auto-école à Saint Denis ? Quel est le public concerné ? Comment aider les élèves à devenir acteurs de leur projet d'orientation ?"
Élèves en grande difficulté : aider ou changer de pratiques ? Depuis la rentrée 2002, l'Auto-école est devenue sous l'impulsion de l'inspection académique un dispositif Nouvelles Chances destiné à des jeunes de 16 à 18 ans déscolarisés, désireux de se réinvestir dans un parcours de formation personnalisé.
Les dispositifs Nouvelles Chances permettent à des jeunes adolescents volontaires, en difficulté avec le système scolaire traditionnel, d'acquérir les bases scolaires et sociales qui leur permettront une insertion choisie et réussie dans un milieu scolaire et/ou professionnel adapté à leur projet personnel."
[...]
"Comment fonctionne le dispositif Auto-école à Saint Denis ? Quel est le public concerné ? Comment aider les élèves à devenir acteurs de leur projet d'orientation ?"
Philippe LAHIANI (p. 25)
"Les enseignants de SEGPA (Section d'enseignement Général et professionnel adapté) sont confrontés à un sérieux paradoxe : faire réussir « des élèves présentant des difficultés scolaires graves et durables auxquelles n'ont pu remédier les actions de prévention, d'aide et de soutien et l'allongement des cycles.1 »
Prévenir, aider, soutenir, reprendre les apprentissages manqués, tout cela n'a servi à rien : que nous reste-t-il à faire ?"
Accompagnement scolaire : faire de la sous-traitance ou mettre en projet(s) Prévenir, aider, soutenir, reprendre les apprentissages manqués, tout cela n'a servi à rien : que nous reste-t-il à faire ?"
Michel HUBER (p. 27)
"Nous avons eu l'idée dans cet atelier de proposer aux participants de ces 3e Rencontres sur l'accompagnement scolaire un travail d'ingénierie éducative en réponse à une commande effective faite à L'Institut Henri Wallon (IHW) par le Conseil Régional Auvergne. Il s'agissait d'organiser une intervention de 3 heures auprès des bénévoles d'une association d'accompagnement scolaire d'une petite ville de Limagne."
CompétenceMichel HUBER (p. 29)
"Concept mou, mot polysémique puis notion instrumentalisée au profit de la flexibilité ultralibérale mais aussi concept défini d'une façon plus précise par des disciplines telle la Didactique professionnelle."
Les politiques d'éducation prioritaires en Europe d'un âge à l'autre Jean-Yves ROCHEX (p. 31)
" Cette intervention prend appui sur une recherche concernant l'évolution des politiques d'éducation prioritaire (PEP) dans 8 pays européens. Ces politiques ciblées sur certaines catégories de population scolaire visent soit à « donner plus à ceux qui auraient moins », soit à donner autrement. Elles visent une différenciation des publics considérés comme prioritaires au regard des questions à l'origine d'inégalités. Cette recherche s'est effectuée sur des pays où ce type de politique est relativement ancien (Angleterre, France, Belgique, Suède, Portugal) ou plus récent (République Tchèque, Roumanie).
L'hypothèse est d'observer les référentiels, les conceptions qui orientaient ce type de politiques en les resituant dans leurs contextes sociaux, économiques, institutionnels ainsi qu'idéologiques qui les ont amenés à évoluer, d'une période à une autre, sans pour autant que ces périodes soient dans des rapports de succession et d'exclusion réciproque."
L'accompagnement scolaire, l'aide individualisée : des mythes aux
réalités L'hypothèse est d'observer les référentiels, les conceptions qui orientaient ce type de politiques en les resituant dans leurs contextes sociaux, économiques, institutionnels ainsi qu'idéologiques qui les ont amenés à évoluer, d'une période à une autre, sans pour autant que ces périodes soient dans des rapports de succession et d'exclusion réciproque."
Pierre FRACKOWIAK (p. 36)
" L'aide individualisée, dispositif récent lié à l'ensemble des mesures régressives prises par le ministre X. Darcos et son successeur depuis 2007, comme l'accompagnement scolaire ou l'aide aux devoirs, portés le plus souvent par les collectivités locales ou le secteur associatif depuis de nombreuses années, reposent sur des postulats qu'il est souhaitable de revisiter.
[...]
Trois questions fondamentales restent donc toujours sans réponse :
- Pourquoi l'école ne parvient-elle pas à garantir la réussite de tous ?
- Pourquoi l'école ne se suffit-elle pas à elle-même et impose du travail supplémentaire aux élèves en difficulté, déléguant parfois ses pouvoirs à des personnels moins compétents dans le domaine de la pédagogie et de la connaissance de l'élève que ses propres personnels ?
- Pourquoi, ce faisant, elle se dévalorise elle-même en admettant que le hors temps scolaire (soutien et devoirs) est indispensable à la réussite scolaire ?
- Pourquoi la pédagogie n'est-elle pas sollicitée pour le hors temps scolaire, comme si la question du choix des méthodes ou des pratiques était évident et naturel ?"
[...]
Trois questions fondamentales restent donc toujours sans réponse :
- Pourquoi l'école ne parvient-elle pas à garantir la réussite de tous ?
- Pourquoi l'école ne se suffit-elle pas à elle-même et impose du travail supplémentaire aux élèves en difficulté, déléguant parfois ses pouvoirs à des personnels moins compétents dans le domaine de la pédagogie et de la connaissance de l'élève que ses propres personnels ?
- Pourquoi, ce faisant, elle se dévalorise elle-même en admettant que le hors temps scolaire (soutien et devoirs) est indispensable à la réussite scolaire ?
- Pourquoi la pédagogie n'est-elle pas sollicitée pour le hors temps scolaire, comme si la question du choix des méthodes ou des pratiques était évident et naturel ?"
Des pratiques de médiation culturelle : réconcilier culture et langage
Pascale BILLEREY, Khoulfia LÉONARD (p. 40)
Sylvie CHEVILLARD (p. 45)
Odette et Michel NEUMAYER (p. 48)
Bernard BIER (p. 52)
Pascale BILLEREY, Khoulfia LÉONARD (p. 40)
"...comment s'adresser dans notre pratique à tous les élèves - sans perdre de vue les bons élèves par une simplification démagogique des contenus de savoirs - en s'adressant à tous ceux qui n'ont pas encore compris les attendus de l'école, bien convaincues des capacités de tous ? Comment remettre en place de la médiation culturelle face à des élèves insécurisés, instables, loin desexigences du savoir ? Quelles pratiques choisir pour ouvrir d'autres possibles dans ce contexte d'individualisation des approches ? Comment articuler activités d'apprentissage et approche culturelle des savoirs ?
Les trois ateliers présentés - Atelier philo - Débat de lecture à partir de questions préalables (récits mythologiques) - Produire un récit mythologique : Atelier d'écriture « Le labyrinthe » - ont été inventés à partir de nombreux travaux du GFEN, mais aussi de l'AGSAS, de lectures et rencontres avec Serge Boimare.
En quoi ces trois outils de formation proposés participent d'une dynamique d'apprentissage et
de développement ?"
Projet, moteur de réussite : les Centres Académiques de Lecture et d'Écriture à la Réunion Les trois ateliers présentés - Atelier philo - Débat de lecture à partir de questions préalables (récits mythologiques) - Produire un récit mythologique : Atelier d'écriture « Le labyrinthe » - ont été inventés à partir de nombreux travaux du GFEN, mais aussi de l'AGSAS, de lectures et rencontres avec Serge Boimare.
En quoi ces trois outils de formation proposés participent d'une dynamique d'apprentissage et
de développement ?"
Sylvie CHEVILLARD (p. 45)
" Les Centres Académiques de Lecture et d'Ecriture (CALÉ), mis en place à La Réunion, reçoivent des élèves, des enseignants et des parents de l'école primaire, de collèges, de lycées professionnels. L'un des axes de leur action est le parti pris de la mise en oeuvre d'une pédagogie de projet. Après analyse des récurrences concernant les réussites, dans le cadre du forum permanent des pratiques de l'ANLCI (Agence Nationale de Lutte Contre l'Illettrisme), il apparaît que le projet est un outil performant pour la réussite des élèves."
« Le triomphe par le ratage même », dans les parages d'Henri Michaux Odette et Michel NEUMAYER (p. 48)
" Le "triomphe par le ratage même" ! La formule est provocatrice à souhait, nous la devons au plasticien et écrivain belge Henri Michaux. Elle déconcerte. Elle bouscule les représentations et met mal à l'aise. Mal "l'aide" a-t-on envie d'écrire... Étrange attelage que ces deux mots antagoniques "triomphe" et "ratage" !
[...]
Avant l'atelier, la phrase déclenche l'incrédulité. À l'issue de l'atelier, il y a mélange de satisfaction, et pourtant on n'a cessé de travailler sur le ratage, mais aussi perplexité sur les suites à donner : maintenant, il va falloir voir d'un autre oeil les notions de réussite, d'échec, d'essai et d'erreur. C'est le résultat recherché."
Pour un service public d'éducation « élitaire pour tous » [...]
Avant l'atelier, la phrase déclenche l'incrédulité. À l'issue de l'atelier, il y a mélange de satisfaction, et pourtant on n'a cessé de travailler sur le ratage, mais aussi perplexité sur les suites à donner : maintenant, il va falloir voir d'un autre oeil les notions de réussite, d'échec, d'essai et d'erreur. C'est le résultat recherché."
Bernard BIER (p. 52)
"S'interroger sur l'accompagnement dans son lien avec le droit commun éducatif conduit à questionner tant les politiques publiques que les choix éducatifs et les pratiques pédagogiques des acteurs. Le point de vue exprimé ici est double, d'une part professionnel (l'INJEP) et d'autre part militant (l'OZP)."