"Feu sur l'école", Manière de voir n°131

Allons y voir !

Manière de voir/ Le Monde diplomatique, n° 131 (octobre-novembre 2013), "Feu sur l'école", 8,50 €


L'intérêt du numéro 131 de "Manière de voir" sur l'école est multiple :

manière de voir n° 131
  • Il nous permet de lire ou relire des articles publiés dans "Le Monde diplomatique" jusque-là dispersés ; ainsi regroupés, ils nous donnent à "voir" une ligne éditoriale sur les réalités scolaires contemporaines. Trois articles inédits renforcent un choix politique centré autour d'une dénonciation réfléchie de la marchandisation de l'éducation.

  • Il nous offre des outils  (glossaire, cartographie, bibliographie et sitographie) qui s'avèrent utiles à tout lecteur pressé d'aller y "voir" plus loin. Le GFEN y est d'ailleurs cité dans une notice à propos du numéro de Dialogue sur le métier d'enseignant (n° 147).

  • Les portraits, textes de référence et extraits littéraires de celles et ceux qui ont mis en question l'école montrent à quel point celle-ci est enjeu de société.
D'ailleurs, les trois chapitres qui structurent la revue (1. La reproduction des inégalités ; 2. Sous l'emprise du privé ; 3. Les voies de l'émancipation) indiquent comment la question sociale, articulée au politique et à l'économique, se retrouve au cœur des interrogations et des préoccupations des penseurs sur l'éducation (de Paolo Freire à Lepeletier de Saint-Fargeau en passant par Bourdieu et Passeron, de Jean-Pierre Terrail à Nico Hirtt en passant par Christian Laval, Louis Weber et Frank Lepage).

 "Manière de voir" est aussi une belle revue qui met en contraste 3 lieux géographiques (Nanterre, Eton et l'Afghanistan) grâce à 3 reportages photographiques qui donnent sens à un simple parcours visuel.

C'est enfin une revue qui se conjugue sur le mode international, nous obligeant ainsi à "aller voir ailleurs si nous pourrions y être". Quand on apprend que la "maîtrise de la langue" au Sénégal concerne 6 langues (!), on peut s'interroger pour le moins sur la pertinence de nos discours dominants à ce propos.

Pour finir, nous vous invitons à lire ou relire Paolo Freire qui, dans "Pédagogie des opprimés" en 1970, écrivait :

"La conception et la pratique de l'éducation "bancaire", immobilistes, "fixistes", finissent par méconnaître les hommes en tant qu'êtres historiques, alors que l'éducation conscientisante part précisément du caractère historique des hommes et les reconnaît comme des êtres en devenir, comme des êtres inachevés, non accomplis, dans et avec une réalité qui, étant également historique, est également inachevée. En vérité, à la différence des autres êtres animés qui sont simplement inachevés, mais non historiques, les hommes, eux, se savent inachevés. Ils ont conscience de leur imperfection. Ici se trouvent les racines même de l'éducation, comme manifestation exclusivement humaine à savoir dans l'imperfection des hommes et dans la conscience qu'ils en ont. C'est pourquoi l'éducation est une tâche permanente, parce qu'elle se fonde sur la perfectibilité des hommes.

Ainsi l'éducation se refait-elle constamment dans la praxis. Pour être, il faut être en devenir."

Education conscientisante, quel beau programme n'est-ce pas ! Le dernier numéro de "Manière de voir" y contribue.

Pascal DIARD

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