Maternelle : liens et notes de lecture pour poursuivre la réflexion

A lire
Notes de lecture

Traces de changement, N° 208, novembre/décembre 2012

Le dossier de la revue de la CGE (Changement pour l'égalité), mouvement socio-pédagogique belge est consacré à l'école maternelle. Une douzaine d'articles rendent compte de pratiques, de vécus d'expériences mais aussi de questionnements sur leur sens afin de permettre de vraies modélisations. Au menu : mises en situation (« causette », courses au marché) ; supports de travail (port-folio, carnet d'évolution) ; regard des parents sur l'école et relations avec eux ; expérience de formation (mise en recherche de futurs enseignants). Sylvie Chevillard a collaboré à ce numéro dans un article intitulé « Parler pour (ne pas) dire ». La rubrique « Impolitique » alerte sur la nécessité d'une transformation de l'école belge. Un dernier article intitulé « Apprendre le métier d'élève » appelle particulièrement à la discussion : élève, un métier ? Ce n'est pas ainsi que nous abordons la question, parlant plutôt de posture. Mais derrière les mots on retrouve des connivences, d'ailleurs l'article affirme qu'il faut « faire prendre conscience aux enfants de cette nécessaire posture d'élève »

A signaler aussi la qualité plastique de la revue (maquette, couverture) qui donne envie de l'ouvrir, premier geste indispensable pour entrer dans la lecture !


Apprendre à calculer à l'école, Rémi Brissiaud, Retz, janvier 2013

L'auteur reprend le constat de la baisse des performances en calcul, en s'appuyant notamment sur une étude de la Deep qui révèlent une

forte dégradation de 1987 à 1999, quel que soit le milieu d'origine des élèves.

L'ouvrage fait un historique de l'apprentissage du comptage, depuis 1923 avec ses ruptures, ses impasses ou encore ses malentendus (importation après Chevènement d'une méthode de  comptage-numérotage venu des Etats Unis qui associe un  mot (numéro plutôt que nombre) à un objet) et l'on trouve en particulier une référence à un ouvrage de 1955, rédigé par une commission d'experts réunis par l'Unesco autour de Gaston Mialaret,  dans lequel on lot : «  il n'est pas sûr en dépit de quelques apparence spécieuse qu'on s'élève beaucoup au-dessus du dénombrement mécanique .

Il fait l'hypothèse, qu'il argumente, que les élèves de 1987 sont les derniers à avoir bénéficié d'apprentissages en maternelle inspirés des travaux de Piaget, pour lequel la réflexion sur les actions d'ajout et de retrait est nécessaire pour compter-dénombrer.

Ce sont donc bien les pratiques qui sont la cause des échecs (y compris les plus courantes comme l'usage de la file numérique) et Rémi Brissiaud invite à privilégier le comptage dénombrement, la décomposition des nombres, la signification cardinale des mots nombres, un travail sur la langue (polysémie du mot un). Il alerte sur les effets d'apprentissages mécaniques précoces qui entrainent une « rigidité comportementale », l'utilisation systématique « de procédures de bas niveau qu'ils [les élèves] ont acquises sans signification » et [.... ] « qui conduisent à un résultat conforme à l'attente des adultes ».


Comment les enfants apprennent à parler, Jérôme Bruner, Retz, 2013 (réédition)

Il s'agit d'une réédition de l'ouvrage paru en France en 1987, ouvrage de référence pour comprendre la construction du langage chez l'enfant.  Où l'on peut lire en particulier : « Que les êtres humains soient fortement pourvus d'aptitudes innées au langage lexico-grammatical, ils ont encore à apprendre la manière d'utiliser ce langage. Cela ne peut s'apprendre in vitro. La seule manière d'apprendre l'usage du langage c'est de l'utiliser pour communiquer » ou encore « apprendre une langue consiste donc à apprendre non seulement la grammaire d'une langue particulière mais aussi la manière de traduire ses propre intentions par l'usage approprié de cette grammaire ».

C'est donc la fonction du langage dans les interactions sociales qui prime sur sa forme, fonction que l'enfant doit construire dans des pratiques où l'étayage de l'adulte joue un rôle fondamental.


Tout se joue à la maternelle. Les enjeux de la petite à la grande section, Anne et marine Rambach, Thierry Magnier, octobre 2012

Cet ouvrage, prioritairement destiné aux parents, fait un état des lieux de la situation de l'école maternelle, avec le souci de traiter les questions qui traversent le corps social et méritent particulièrement d'être posées alors qu'il est question de refondation de l'école et de l'importance de l?école maternelle dans la démocratisation de l'enseignement.

Les auteurs plaident pour une relation de confiance avec les parents, sans confusion de rôle et de place, et un « pari sur le partage des connaissances ». Elles donnent des clefs pour que les parents y voient plus clair dans le fonctionnement de cette école, l'inscrivent dans une histoire qui permet de mieux comprendre ce qu'elle est actuellement. Elles consacrent un chapitre aux inégalités sociales en affirmant leur conviction qu'il n'a aucun caractère de fatalité, en faisant référence aux travaux de la recherche (Bautier, Cèbe, le GFEN). L'ouvrage insiste sur la nécessaire formation des enseignants en espérant que les parents d'élèves en fassent « l'une de leurs revendications principales (ce qui n'est absolument pas le cas aujourd'hui) et ensuite que les enseignants eux-mêmes en fassent l'un de leurs chevaux de bataille (ce qui est insuffisamment le cas) ».


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