14ème Université du Secteur Langues, 22 au 25 août "Etonner et s'étonner. Mettre l'intelligence en mouvement"
14ème Université du Secteur Langues
Etonner et s'étonner. Mettre l'intelligence en mouvement
du 22 au25 août 2022
à l'Ecole Jean Moulin, 10 Av. Vladimir Komarov, Vénissieux (69)
L'étonnement,
cette « pulsation essentielle de la vie mentale » (Dewey), déjà
convoqué dans l'antiquité mais longtemps ignoré en pédagogie, revient en
force dans les dispositifs de formation, notamment à travers le journal
d'étonnement, mais aussi dans le domaine du management par le biais de
l'entretien ou du rapport d'étonnement, voire de
l'injonction. Un effet de mode, probablement, mais n'est-ce pas aussi la
reconnaissance d'une capacité qui, même si elle court le risque d'être
instrumentalisée à des fins mercantiles, semble retenir à présent
l'attention dans le champ éducatif.
L'étonnement
est, en effet, le point de départ de toute démarche de connaissance, un «
ouvreur de pensée » (Thievenaz). C'est parce que l'on s'étonne de ce
qui paraît évident que la quête du savoir peut commencer. C'est la
démarche du philosophe, du scientifique mais aussi de l'enfant qui
questionne l'évidence du monde quand d'autres n'y voient que clarté
(logique, routine) et banalité : « Si la question appelle la
connaissance, c'est l'étonnement qui appelle la question » (Thievenaz).
On s'étonne, on est confronté à de l'inattendu, à de l'énigme qui oblige
à regarder ce qu'on ne regardait pas, à (se) questionner, à sortir de
ses habitudes, à mener l'enquête...
L'étonnement constitue une interpellation, un dérangement, une
perturbation qui peuvent désarçonner, voire frapper de stupeur, comme
nous l'indique l'étymologie : étonner vient en effet du latin extonare,
frapper de la foudre. Il y a presque (et parfois) de la violence dans
l'étonnement qui vient ébranler nos certitudes, nos assises, nos
convictions, mais aussi de la nécessité qui réveille et remet en
mouvement l'intelligence, remet en route l'activité intellectuelle.
C'est l'étonnement de « l'homme éveillé [qui] connaît une activité de
renouveau, de recommencement » (Bachelard).
L'étonnement présente
deux facettes : l'une passive quand on est étonné, l'autre active, quand
on s'étonne. La première semble davantage prégnante quand, dans une
société où on est revenu de tout, on réclame sans cesse du nouveau, de
l'exceptionnel, du scandale. La seconde est moins fréquente parce que
certainement moins convoquée, moins entraînée, moins admise. Car
l'étonnement révèle dans ce cas, une sensibilité, un désir que,
contrairement à l'enfant, l'adulte a souvent perdus ou qu'il ne
s'autorise pas : « Où il y a étonnement, il y a désir d'expérience.
Seule cette forme de curiosité garantit avec certitude l'acquisition des
premiers faits sur lesquels pourra se baser le raisonnement » (Dewey).
Il faut sans doute accepter l'ignorance à laquelle on est confronté, que
l'on dévoile et qui peut être interprétée comme un manque, voire de la
faiblesse. Il faut de l'humilité sans doute pour s'étonner !
La
14ème Université du Secteur Langues du GFEN se propose donc d'explorer
cette notion, à travers un certain nombre de questions :
En quoi l'étonnement est-il pertinent dans l'apprentissage de la langue étrangère ?
Comment repérer l'étonnement qui « vient toujours à bas bruit » (Meirieu), comment l'autoriser ?
Comment
et pourquoi créer des situations susceptibles de générer de
l'étonnement, à propos des objets d'apprentissage mais aussi à propos de
soi-même et des autres ?
Comment faire pour que l'on puisse
s'étonner « en toute sécurité », pour que la perturbation provoquée par
l'étonnement puisse déboucher sur une réorganisation, un nouveau sens à
construire ?
Comment passer de « être étonné » à « s'étonner », autrement dit s'étonner s'apprend-il (ou se réapprend-il) et comment ?
Comment
l'enseignant peut-il réveiller cette compétence pour lui-même et s'en
servir dans sa pratique, en faire « un principe organisateur de
situations didactiques » (Thievenaz) ?
Comment cette capacité,
cette posture qui consiste à prendre du recul, à regarder autrement le
monde, peut-elle contribuer à la construction de la réflexivité de
l'apprenant comme de l'enseignant ?