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    Ressources / Dossiers / Savoirs et apprentissages / Pédagogie générale

    Dimension politique dans nos pratiques

    Où se niche la dimension politique dans nos pratiques ?

    Par Eveline Charmeux / Mai 2006

    Mager disait : « Quand on ne sait pas où l'on va, on risque d'arriver ailleurs ».

    Cette formule s'applique particulièrement bien à l'enseignement. Comme la formation dispensée ne permet pas en général de savoir avec précision où l'on va, il s'ensuit qu'on arrive souvent ailleurs.


    Les méthodes de lecture et les règles de M. Bled, c'est exactement cela. Les unes comme les autres se gardant bien de dire où elles conduisent ceux qui les suivent, ces derniers arrivent à l'opposé de leur but. Mais le système est si pervers qu'ils ne s'en aperçoivent même pas, et qu'ils clament haut et fort leur réussite.

    On peut pardonner et comprendre ceux qui sont ainsi victimes d'une illusion soigneusement entretenue par la formation reçue. On comprend moins ceux qui théorisent là-dessus pour justifier, au nom d'idéaux prétendument républicains, des pratiques d'un autre âge, à la fois stupides et dangereuses aujourd'hui.

    La dimension politique de nos pratiques, c'est précisément dans « l'ailleurs » dont parle Mager qu'elle se situe. Ou si l'on préfère, dans l'écart qui existe entre les objectifs de ces pratiques, les intentions de résultat évidemment républicaines et leurs conséquences, telles que nos connaissances sur le fonctionnement des enfants et un raisonnement un peu rigoureux peut les prévoir.

    Un des « avantages » (si l'on peut dire) de la situation ubuesque de l'école aujourd'hui, objet d'une foudroyante marche arrière impulsée par des gens que l'on croyait sensés jusque-là, c'est d'avoir rendues possible des questions fortement taboues auparavant : y a-t-il une pédagogie de droite, même chez des gens qui votent à gauche ?

    Et devant quelques-uns des propos entendus ici ou là, venant de certaines sensibilités dites « de gauche », on reste perplexe. On découvre alors qu'il conviendrait peut-être de poser la question en termes de cohérence entre la pratique de classe et le bulletin de vote...

    Si l'on admet, en effet, qu'être un enseignant de « gauche », (être enseignant tout court !) c'est être convaincu :
    1) que la tâche première de l'école est d'apporter à tous les enfants la richesse de rencontres et d'expériences que la famille offre à quelques-uns ;
    2) qu'il n'y a pas de fatalisme social et qu'aucune raison logique ne justifie que l'injustice sociale n'entraîne automatiquement l'échec scolaire ;
    3) que tous les élèves ont des savoirs, et qu'un « mauvais » élève n'est jamais un élève qui ne sait rien, mais un élève dont l'école méprise ou ignore les savoirs ;
    4) qu'il importe donc de prendre en compte ces savoirs, si erronés et si éloignés du programme soient-ils, pour les mener vers les attentes institutionnelles
    5) qu'il importe également pour cela donner aux enfants de « vraies graines et non du sable » (formule d'Alain), c'est-à-dire travailler sur du vrai, sur de l'ambitieux, et du valorisant ;
    force est d'admettre que le discours, qui présente la méthode Boscher (ou la Planète des Alphas, ou les ouvrages de M.Bled) comme le modèle parfait de l'enseignement de la lecture, et de la langue, est un discours contraire aux valeurs républicaines, et ceux qui le tiennent, des schizophrènes graves, s'ils prétendent le contraire.

    Explications.
    Si l'on enseigne la lecture à partir des syllabes, alors que celles-ci n'existent pas dans le français écrit, quelle peut en être la conséquence ? Que les clés offertes ainsi aux élèves n'ouvriront que les portes déjà ouvertes. Qui deviendra alors capable d'ouvrir celles qui sont fermées ? Qui ? Sinon ceux qui vont trouver dans leur environnement familial les moyens de le faire ?

    Si l'on oublie d'enseigner les opérations cognitives par lesquelles on construit du sens pour utiliser les écrits, que va-t-il s'en suivre ? Que ces opérations devront être découvertes par les élèves tout seuls. Tout seuls ? Bien sûr que non. Devinez où sont ceux qui en auront les moyens !

    Si l'on enseigne les mouvements de la brasse sur un tabouret, il restera à l'élève à apprendre tout seul à nager, après s'être débarrassé du pseudo-savoir acquis sur le tabouret. De la même manière, si l'on enseigne comment oraliser des syllabes et identifier les mots par le déchiffrage, il restera à l'élève à construire un vrai savoir-lire, tout seul, sur les écrits de la société, lesquels n'ont rien de commun avec ce qui a été appris à l'école, et ne peuvent être compris avec le mécanisme enseigné.

    Est-ce bien conforme aux valeurs de la République ?

    Si l'on enseigne la lecture sur les phrases et les mots que l'on trouve dans la méthode Boscher ou dans « Léo et Léa », comme « ma mère a ramené petite marie » (Méthode Boscher, page11), phrase écrite sans majuscules (donc sans orthographe : la majuscule en fait partie) et dans une formulation pour le moins douteuse grammaticalement, quelle conséquence peut-on attendre sur la maîtrise de la langue, priorité pourtant première en Haut Lieu ?

    Si l'on enseigne systématiquement des règles toutes faites (du reste souvent fausses) à appliquer mécaniquement, alors que la maîtrise du langage n'est autre que la maîtrise des choix, (bien parler n'est point parler selon les règles, c'est savoir choisir, à l'oral comme à l'écrit, les formulations les plus efficaces, pour obtenir le résultat souhaité), qui va trouver les clés de la maîtrise langagière, et où ?

    Une telle option de sélection sociale est-elle conforme aux valeurs de la République ?

    Décidément, il y a bien une pédagogie de droite, une manière de faire la classe qui protège les classes dirigeantes de toute pollution populaire... Et quand le bulletin de vote prétend viser un résultat contraire, le délit d'incohérence est impardonnable.

    On pourrait multiplier les exemples et rappeler, avec Carl Rogers que « l'on n'apprend bien que ce qu'on a appris soi-même ». Enfourner des savoirs tout faits dans la tête des élèves, c'est évidemment les empêcher d'apprendre, surtout quand, en plus, ce sont des savoirs discutables et infondés.

    On le voit : tout acte pédagogique est toujours une prise de position politique d'autant plus dangereuse qu'elle est moins consciente. C'est pourquoi l'exigence de cohérence politique doit être au coeur de la formation des enseignants (et de tout citoyen digne de ce nom). Il faut apprendre à repérer cette dimension politique
    - dans les contenus enseignés d'abord.
    Si j'enseigne autre chose que ce que les élèves doivent apprendre, je crée, de toute évidence, une sélection sociale dans les savoirs acquis : le vrai savoir, le savoir utilisable et libérateur, il faudra se le construire soi-même, avec les moyens du bord (et le bord n'est pas égal pour tous !).
    - et aussi dans les démarches mises en oeuvre.

    En revenant à la théorie du remplissage, parfaitement contraire à tout ce que l'on sait du fonctionnement des enfants, en choisissant une progression linéaire des apprentissages, parfaitement contraire à ce qu'on sait du fonctionnement des apprentissages en général qui ne s'ajoutent jamais les uns autres, mais s'organisent en relation les uns avec les autres ; en ne prenant pas en compte les spécificités de savoirs et de stratégies des enfants, tous différents de l'un à l'autre, on élimine évidemment tous ceux qui n'ont que l'école pour « sortir de leur condition » comme on disait jadis.

    Non, décidément, Rien de tout cela n'est conforme aux valeurs de la République, il est temps de mettre un peu de cohérence dans les pensées et d'assumer la signification politique des choix pédagogiques.

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