Auditionnée par le CESE (Conseil Economique Social et Environnemental), Viviane Bouysse livre son avis sur l'importance de l'école maternelle dans la scolarité de l'enfant. Pour elle, cette première expérience doit être une première réussite scolaire (au sens que lui donnaient les programmes de 2002), une expérience fondatrice, un "accrochage cognitif et culturel juste".
Pour l'enfant entrant à l'école, apprendre "c'est faire quelque chose dans sa tête", se questionner et en même temps il faut se conformer à certaines règles de vie, être avec et devant les autres au cours des activités proposées, ce qui n'a rien d'évident pour tous les enfants.
Un extrait de l'introduction de son propos :
« Aujourd'hui, les études de neurosciences s'accordent pour dire qu'avant 6 ou 7 ans, la plasticité du cerveau est maximale, même s'il y a toujours des possibilités de résilience et de travail ensuite. La plasticité cérébrale est donc plus grande chez le petit enfant que chez l'adulte. J'ajouterais pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur, c'est-à-dire que si l'on donne à l'enfant l'occasion de faire de nombreuses bonnes expériences, il va se développer de façon extraordinairement positive. En revanche, si dès ce moment-là, il vit des expériences difficiles, voire désastreuses, elles peuvent avoir un effet très important sur la construction de certaines structures cérébrales. [...]
Certes, on n'agit pas directement sur le cerveau des enfants. Nos actions ont des effets que l'on ne voit pas, et il faut le savoir. Les expériences de violence symbolique ou physique, les expériences de stress, les expériences défavorables sur le plan relationnel ont un impact très fort. Les jeunes enfants n'ont pas toujours le langage pour exprimer les désagréments qu'ils vivent. Or, cette intériorisation des expériences difficiles peut créer des dommages. C'est un premier point à ne pas perdre de vue quand on réfléchit à ce que l'on fait vivre aux jeunes enfants. »