Des rythmes au contrat la mystification du sujet.
Yann Gibert | le 01/01/1970 00:00
La naturalisation des rythmes d'apprentissages évacue la question de la nature des différences entre les élèves, les...En savoir plus
Mouvement de recherche et de formation en éducation
Tous capables ! Tous chercheurs ! Tous créateurs !
Il n'y aura plus d'école le samedi matin. Le ministre avance sa décision autoritaire comme une mesure de bon sens. D'ailleurs l'opinion publique lui est favorable (la raison étant elle fort peu convoquée).
L'argument des rythmes scolaires est fallacieux car tout le monde sait qu'en la matière c'est l'intérêt économique qui prime. Derrière une mesure apparemment organisationnelle, c'est bien une logique idéologique qui est à l'oeuvre, une logique de stigmatisation des élèves les plus en difficultés, qui naturalise les différences (régime spécial pour les "mauvais") et ajoute un dispositif supplémentaire dans la mise en place d'une école primaire à deux vitesses.
La scolarité est pensée en termes de dispositifs techniques, quantitatifs, sans que soit posée la seule question de fond : comment permettre la réussite de tous les élèves ?
Après l'omniprésence de l'évaluation, le socle commun et les PPRE, la mise en concurrence des établissements, la fin du collège unique a précédé de peu la fin de l'école primaire unique. Désormais tous les élèves ne bénéficieront pas des mêmes apprentissages. Désormais plutôt que de penser l'école pour tous, c'est le "soutien" à certains qui est mis en avant. Mais comment imaginer sérieusement que ce qui échoue sur 27h d'enseignement pourrait réussir en 2h dont on ne sait par ailleurs pas grand chose ? Comment affirmer que c'est un supplément horaire (sans contenus pour le moment) qui va permettre de mieux apprendre ? Comment imaginer que les élèves désignés comme les moins performants vont construire une image positive d'eux-mêmes, la confiance en eux indispensable à l'entrée dans les apprentissages ? En quoi leur mise à l'écart va permettre une réflexion de fond sur les contenus d'enseignements et les modalités d'apprentissage favorables aux avancées de tous ? C'est pourtant là que se posent les vraies questions et non dans la mise en place de soutiens qui non seulement n'éradiquent pas la difficulté scolaire mais appellent à toujours plus de soutien.
La mesure prise est en cohérence avec la politique éducative menée depuis trois à quatre ans. Elle organise sous une nouvelle forme la ségrégation entre les élèves en réussite (issus des classes sociales les plus favorisées) et les élèves qui rencontrent des difficultés et qui sont massivement issus des classes populaires. C'est une logique de renoncement pour certains qui tourne le dos à l'exigence pour tous. Que la semaine dure 24 ou 27h n'y change rien.
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